Innovation

Des Bromontois voient grand avec leurs bâtons de ski chauffants

Alors que les amateurs de sports de glisse trépignent d’excitation à l’idée de dévaler des pentes enneigées, Magnetude, jeune entreprise de Bromont, s’apprête à lancer un produit qui lui permettra de faire fi des contraintes météo : des bâtons chauffants. Une première mondiale qui, espère le trio de vingtenaires associés, propulsera leur entreprise vers les plus hauts sommets.

Olivier Breton et ses partenaires Olivier Dubois et Philippe Dumouchel ont toujours eu la fibre entrepreneuriale. Ils ont trouvé le filon pour se lancer en affaires il y a deux ans, alors qu’ils laissaient leurs traces sur un vaste tapis blanc sous une température glaciale. « Il faisait très froid, alors on a décidé d’essayer des gants chauffants. On a vraiment été déçus par leur performance. Avec la batterie dans le poignet, c’est assez lourd. Il y a aussi de l’humidité dans le gant parce que l’élément chauffant est directement sur la main. On a décidé de trouver une solution, d’innover, de créer quelque chose d’unique dans le marché », confie le président de Magnetude, Olivier Breton.

Faisant ni une ni deux, le trio a rencontré des ingénieurs chez BRP pour discuter de la technologie derrière les poignées chauffantes des motoneiges. Quelques pistes ont émergé de ce brassage d’idées, si bien que les dirigeants d’entreprise en devenir se sont rapidement mis à la planche à dessin. « On a pris le concept à zéro pour trouver la meilleure façon de transmettre l’énergie dans la poignée d’un bâton de ski », explique Olivier Breton, originaire de Bromont.

Vers une révolution

Les associés, de concert avec des ingénieurs affiliés au centre de recherche en microélectronique de Bromont (C2MI), ont réussi à créer l’équipement qui, croient-ils, révolutionnera ce créneau.

« On ne veut pas seulement avoir quelque chose de nouveau. On veut lancer un produit durable et de qualité supérieure », affirme l’entrepreneur de 22 ans. Ainsi, Magnetude a mis au point des bâtons ultralégers et résistants faits de carbone, dotés d’un système de verrouillage intégré. Les piles au lithium qui alimentent l’élément chauffant en aluminium, rechargeables en deux heures, ont une autonomie de plus de cinq heures.

Cela est possible en raison d’un système unique qui consiste à chauffer les batteries afin de maintenir leur température au-dessus du point de congélation, soit 0 °C. De plus, un mode « neutre » évite de faire chauffer inutilement la poignée dès que la pression de la main de l’utilisateur est relâchée.

Selon les tests réalisés jusqu’ici, la performance de l’équipement ne devrait pas être altérée durant neuf ans, assure Olivier Breton.

Ambition

Le trio d’entrepreneurs ne manque pas d’ambition. Chacun veut, à sa façon, façonner les assises de Magnetude : Olivier Breton se spécialise en design industriel, Olivier Dubois, en comptabilité, tandis que Philippe Dumouchel est issu de l’École d’entrepreneuriat du Québec. Jusqu’ici, l'entreprise bromontoise a fait affaire avec un fournisseur chinois pour les tiges et les poignées moulées de ses bâtons, tandis que l’électronique est fabriquée au Québec.

D’ailleurs, l’entreprise compte faire un partenariat avec le C2MI pour la production de ses circuits intégrés.

« C’est important de garder l’innovation au Québec. On aimerait éventuellement ramener l’ensemble de la production ici. »

— Olivier Breton

Or, l’argent doit être au rendez-vous dans tout projet d’affaires. Outre les pourparlers avec des investisseurs, une campagne de sociofinancement doit être lancée en décembre sur la plateforme Kickstarter. L’objectif a été fixé à 88 000 $. Cette somme servirait à lancer la production.

Un nouveau prototype est en préparation. Sa version finale devrait être prête en mars prochain. La livraison aux premiers acheteurs est dans les cartons en septembre 2021. Des pourparlers sont en cours avec une vingtaine de propriétaires de boutiques spécialisées au Québec et en Ontario, précise le président de Magnetude. Certaines déclinaisons de leur concept pourraient également voir le jour, notamment des poignées chauffantes pour vélos. « On veut commencer à faire connaître nos produits auprès des passionnés de ski, dit-il. Mais on ne veut se fermer aucune porte. On voudrait ensuite entrer dans de grandes chaînes en 2022. »

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